
LES DUOS MYSTIQUES 173
Le salut de la France et la liberté du pape sont ses grandes préoccupations et il les
entraîne dans l'œuvre de sa vie. Elisabeth de la Croix écrit: «Ainsi je comprends
que je dois être épouse, adoratrice et réparatrice, suppléant par mes actes d'amour
et d'adoration, par mes prières et par les humiliations, aux crimes qui se commettent
contre Dieu et son Eglise
»
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. Lorsqu'elle fonde un carmel à Fontainebleau où Pie vii
fut emprisonné par Napoléon, elle le dédie à ce pape en réparation de ce désordre. Elle
vit des « stigmates invisibles » et pratique de grandes mortifications aux intentions
qu'on peut préciser grâce à son frère et son ami. Si elle fait appel à divers directeurs
(Prosper Guéranger, o.s.b., Michel Fessard, s.j., Jules Airiault, sj. et Louis-Etienne
Rabussier
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, s.j.), il semble que ce soit surtout Gaston Doussot qui l'accompagne
tout au long de sa vie mystique. Il devient maître des novices de son ordre à Rome. Sa
sœur l'y rejoint lors d'un pèlerinage en 1869 pour être délivrée de doutes obsédants.
Elle reconnaît: « Par Pie ix, la foi m'a été donnée ». Le dominicain
s'engage
parmi
les aumôniers des zouaves pontificaux. Il les suit quand ils deviennent les Volontaires
de l'Ouest à l'automne 1870 et assiste le régiment du colonel Athanase de Charette.
Ce dernier a été pourvu
d'une
bannière du Sacré Cœur, brodée par les visitandines de
Paray-le-Monial pour honorer les demandes de Marguerite-Marie. Elle aurait dû être
transmise au général Trochu pour flotter sur les fortifications de Paris et ainsi protéger
la
capitale.
Mais arrêtée à
Tours,
elle a été remise au petit-fils du chef vendéen pour en
faire bon usage. L'aumônier célèbre la messe du Cœur de Jésus, le fameux vendredi
2 décembre 1870, premier vendredi du mois, dans l'esprit de la bienheureuse de
Paray. Et
c'est
« la glorieuse défaite » où des centaines de volontaires veulent en vain
emporter une position prussienne
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. Il faut, semble-t-il, interpréter les pénitences et
les souffrances de la religieuse à la lumière du comportement de ces catholiques qui
moururent pour Jésus, Pie ix et la France et dans le sillage de la longue entreprise de
construction du sanctuaire de Montmartre.
Saint-Dominique de la
Croix,
Joséphine Gond (1819-1907)
et Hubert Rohauit de Fîeury (1828-1910)
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Joséphine Gand et le dominicain François Balme (décédé en 1899) ont fondé en
1854 la congrégation française et missionnaire de sainte Catherine de Sienne, du tiers
ordre régulier de la pénitence de saint Dominique, dite communément Dominicaines
d'Etrépagny. La cause
de
béatification de la fondatrice a été introduite en cour
de
Rome
au début des années cinquante et n'a pas avancé depuis. Ce n'est pas cette œuvre qui
retient ici l'attention, mais une mission plus discrète, mais non moins significative,
remplie avec Hubert Rohauit de Fleury déjà mentionné. Durant l'hiver 1871-1872,
Saint-Dominique de la Croix, qui vit dans son couvent installé dans le territoire de
Belfort, lance avec
l'aide
«d'un ingénieur de la marine de Brest, M. Nouet » et
du secrétaire du comité du Vœu national qui vit à Paris « une ligue de prière et de
pénitence pour la conversion et le salut de la France ». « Les adhérents se consacrent
généreusement au Sacré Cœur, s'engagent à offrir au Seigneur toutes leurs souffrances
(sans en demander !) et leurs prières, plus un certain nombre de communions ». La
religieuse précise dans une lettre du 3 juin 1876
:
« Du reste, nous ne demandons pas
de souffrances, nous promettons simplement d'accepter,
et
je sais par expérience que
cela suffit »
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. L'association est attachée à l'œuvre montmartroise et développée par
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